Publié le : 23 mars 20208 mins de lecture

Pour Recherche et sauvetage canin Québec, le chien est beaucoup plus qu’un animal de compagnie. Le chien de sauvetage est un compagnon fidèle dont l’utilité devient inestimable en situation de sauvetage et de recherche. Toutousmagazine.com vous entraîne ce mois-ci dans l’univers du sauvetage canin.

En 2005, Michel Massouty adopte Elliott, un bébé berger allemand avec qui il tisse rapidement des liens de confiance. Dressé pour l’obéissance, le chiot démontre des capacités qui poussent le maître à reconnaître que toutou est doué, et à se demander jusqu’où son talent pourrait le mener. C’est ainsi que le propriétaire de motel s’inscrit à un club de sauvetage, et crée avec des compatriotes son propre club, RSCQK9, en 2007. Aujourd’hui, le club est partenaire du Ministère de la sécurité publique et a pour but de porter assistance pour des recherches de personnes disparues ou ensevelies aux autorités nationales ou étrangères qui en font la demande. Il apporte aussi du support aux familles de victimes qui souhaitent poursuivre les investigations, en formant des chercheurs et des chiens. Bien qu’ils ne citent pas de cas précis, par souci de confidentialité et de respect auprès des familles, les maîtres-chiens de RSCQK9 et leurs chiens ont sillonné toutes les régions de la province pour porter assistance. C’est un peu plus de 45 000 kilomètres au cours des 24 derniers mois, du Bas-Saint-Laurent au Nouveau-Brunswick en passant par les Laurentides.

Sauvetage canin : une nécessité

«Notre pays accuse du retard par rapport aux autres en termes de formation en sauvetage canin, dit d’emblée Michel Massouty, représentant et membre fondateur du Club. C’est une totale inconscience ! Un jour, nous pourrions être victimes d’un séisme de plaques tectoniques ou encore de l’affaissement d’un centre commercial et nous aurons besoin de chiens formés et préparés pour trouver 400, 500 personnes sous des décombres.»
Il cite en comparaison le drame d’Haïti de janvier 2010 qui a poussé les membres du Club à se demander si eux-mêmes et leurs chiens étaient prêts à réagir s’ils étaient sollicités. «Cette catastrophe nous a fait prendre conscience que nous n’étions pas prêts techniquement, physiquement et mentalement. Même au niveau canadien, nous ne sommes pas bien munis pour chercher dans les décombres. » L’équipe de maîtres-chiens s’est retroussé les manches et a trouvé un ONG français, COSI (Comité de Secours Internationaux), pour faire la formation des équipes et des chiens. COSI, dont la tête dirigeante est un commandant pompier, a à son actif quelque 90 interventions réelles de secours sur terrain. Cette expérience crédible a permis à COSI d’offrir une solide formation aux équipiers du Québec. Aujourd’hui, RSCQK9 est en mesure et s’active à former les chiens pour la recherche en décombres. Son but ? Compléter la formation de 3 ou 4 maîtres-chiens québécois afin de pouvoir effectuer des missions de secours humanitaires, un sorte de section satellite de COSI, tout en étant un organisme non-gouvernemental distinct.

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Tout un entraînement

La formation d’un chien en sauvetage canin débute en bas âge. La sélection du chiot se fait lorsqu’il atteint quatre mois. À l’âge de 18 mois, il est entraîné à la recherche, puis sa formation se poursuit lorsqu’il atteint l’âge de quatre ans. À noter que les entraînements sont nécessaires autant pour le chien que pour les maîtres-chiens, qui devront faire face ensemble à toutes les situations, tous les terrains et tous les climats.
Michel Massouty et son berger allemand Elliott, aujourd’hui âgé de cinq ans, participent à des entraînements sporadiques avec les autres bergers allemands, labradors et bergers australiens membres du Club. «Pour nous c’est le maintien de notre forme physique et un moment privilégié avec notre compagnon. Mais les gens sont médusés lorsqu’ils assistent aux entraînements ! On ne croirait pas tout ce que l’animal peut accomplir.»
La différence principale entre une formation en sauvetage et l’agilité canine réside notamment dans l’absence de la notion de vitesse et l’entraînement en nature. Et comme pour le dressage d’un chien de compagnie, c’est la motivation à l’effort qui permet aux maîtres-chiens d’amener le chien de sauvetage à effectuer les actions qu’ils demandent. Vous pourrez trouver plus d’informations sur les techniques de dressage sur le site internet de RSCQK9 : www.rscqk9.com
Un chien formé en sauvetage canin prendra sa retraite vers l’âge de dix ou onze ans. Son travail est plus sporadique qu’un chien-guide par exemple, mais il sera toutefois opposé à des conditions de travail complexes et ardues (aléas du climat, odeurs, effort intensif). Selon Michel Massouty, le secret du talent d’un chien réside d’une part dans son comportement, mais surtout dans l’effort et la pratique. «Les chiens sont doués, mais l’entraînement nécessite beaucoup de temps. Les montants déboursés pour l’entraînement du chien sont aussi chers, mais c’est une passion, une passion qui peut servir à quelqu’un !»

De grands défis

Former un chien de secours pour un travail de terrain humanitaire est une tâche ardue. Le chien de sauvetage doit être résistant à la chaleur, être prêt à travailler intensivement de longues heures et avoir une bonne endurance cardiovasculaire. «Nous avons les installations techniques qui recréent l’environnement d’un tremblement de terre, mais sans la température ou l’odeur de cadavre qu’on retrouvait, par exemple, en Haïti en janvier dernier. Les chiens doivent être prêts à faire face à toutes les situations.»

Afin de réaliser ses formations, RSCK9 a besoin de sous. Ne tirant aucun financement des deux paliers de gouvernement, il sollicite la générosité du public afin de financer l’achat de matériel et la location d’un local d’entreposage. «À l’international, lorsqu’une catastrophe survient, nous devons être prêts à partir d’urgence dans un délai de huit heures et avoir dix jours d’autonomie.» C’est pourquoi les sept équipiers de RSCQK9, dont font notamment parti un soudeur, une enseignante, un pompier et une assistante-vétérinaire, sont aux aguets et prêts à porter secours avec leur compagnon sur pattes à tout moment. C’est une condition à leur collaboration au Club de sauvetage.
En plus des rencontres du Club, Michel Massouty, accompagné de son fidèle compagnon Elliott, offre des ateliers dans les écoles. Le programme «Pour survivre, reste près d’un arbre» a été dispensé à 400 enfants de 6 à 12 ans au cours de la dernière année. «Nous voulons former de futurs adultes consciencieux. Nous expliquons aux jeunes comment ne pas se perdre en forêt, quoi faire s’ils se perdent, et nous leur faisons apprivoiser les chiens. Si l’un d’eux se retrouve un jour perdu en forêt, il n’hésitera pas à aller vers le chien de recherche. C’est aussi l’occasion pour nous de démystifier l’approche d’un chien étranger, c’est-à-dire d’apprendre aux enfants à demander aux maîtres des chiens qu’ils rencontrent s’ils peuvent les cajoler. Ils deviennent aussi capables d’analyser le comportement des chiens qu’ils rencontrent, qu’ils soient peureux ou agressifs, en regardant les oreilles, la queue et le poil.»